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Un soldat Mort pour la France : Léon Arthur Ricois (1894-1915)

    Nous sommes le 30 septembre au moment où cet article est publié, et je voudrais vous présenter l’histoire du seul soldat de ma famille "Mort pour la France" durant la Première Guerre Mondiale que j’ai pu trouver pour le moment, à savoir Léon Arthur Ricois, mon arrière-arrière-grand-oncle. 


Sa jeunesse


    Léon est né à Louveciennes (département des Yvelines, qui à l’époque n’existait pas encore et faisait partie du département de la Seine-et-Oise), le 3 août 1894. Il est le fils de Léon Arthur Ricois, journalier âgé de 37 ans, et de Marie Louise Boisard, blanchisseuse âgée de 36 ans. Il est le dernier d’une fratrie de 9 enfants : Victor Louis Cyclamin (1879-1914), Marie Angéline (1881-1884), Louis Armandine (1882-?), Marie Louise (1884-1911), Jules Maurice (1886-1951, mon arrière-arrière-grand-père), Angéline (1887-1888), Albert Louis (1889-1931) et Lucien Georges (1891-1908). Léon réside une bonne partie de sa jeunesse avec ses frères, sœurs et parents à Louveciennes, jusqu’à ce que ces derniers choisissent de déménager vers 1909-1910 à Garches (département des Hauts-de-Seine, qui faisait partie des anciens départements de la Seine et de la Seine-et-Oise), au n°7 bis rue de Suresnes, puis au n°214 Grande Rue. Il exerce au bout d’un moment la profession de tourneur. Il est sûrement le dernier enfant de la fratrie à résider chez ses parents lorsque la Grande Guerre éclate en 1914.


La Grande Guerre


    Lorsque la France entre en guerre le 3 août 1914, Léon n’a pas encore 20 ans et n’est donc pas encore mobilisable puisqu’il n’a pas effectué son service militaire. Cependant, deux de ses frères encore vivants peuvent l’être : Jules et Albert, qui sont mobilisés en même temps que des centaines de milliers d’hommes, le 2 août. Quant à Léon, il faut attendre le 5 septembre avant qu’il ne débute son service, en étant incorporé au 156e Régiment d’Infanterie, en tant que soldat de 2e classe (base de la hiérarchie militaire française). Sa fiche matricule nous livre quelques informations à son sujet, comme son degré d’instruction, qui est de 2 (cela signifie qu’il sait lire et écrire). Nous est également livré une description physique : « Cheveux bruns, yeux gris, front moyen, nez moyen, visage ovale […] lèvres minces », avec en prime sa taille : 1m 69.


Fiche Matricule de Léon Arthur Ricois
Archives Départementales des Yvelines


    Le 156e R.I. se dirige d’abord vers la Moselle, où il y reste quelques mois, avant de partir pour la Marne, afin de préparer ce qu’on appellera la « bataille de Champagne » (25 septembre 1915 - 6 novembre 1915). La bataille débute le 25 septembre, mais le 156e ne participe pour le moment à aucun assaut majeur. Ce-dernier survient le 30 septembre, à 4h45. Léon fait alors partie de la 8e compagnie du régiment. Durant toute la journée, les Français tentent quatre fois de prendre d’assaut les lignes allemandes, mais toutes ces tentatives d’attaques échouent. S’en suit un intense bombardement qui ne cesse qu’à la nuit tombée. Cette journée est dramatique pour le bilan humain du régiment : on compte « seulement » 13 tués, 173 blessés, et… 266 disparus. Parmi ces-derniers, figurent Léon. Il aurait disparu vers l’ancien village de Beauséjour, aujourd’hui situé dans la commune de Minaucourt-le-Mesnil-lès-Hurlus, où d’intenses combats ont eu lieu. Son nom est rayé des contrôles dès le lendemain, le 1er octobre. Le 15 février 1916, la fiche indiquant sa disparition au combat est envoyé à ses parents à Garches (la fiche qu’il a disparu lors des combats du 25 septembre, mais je suppose que c’est une erreur, car tous
les autres documents prennent la date du 30 septembre). Je ne sais pas si ça a un lien, mais sa mère décède 4 mois plus tard, le 17 juin 1916. Enfin, le 29 juillet 1921, Léon est définitivement déclaré « Mort pour la France » par le tribunal de Versailles. Le monument aux morts de Garches ayant déjà dû être érigé, son nom n’y est pas inscrit dessus, mais se trouve sur le livre d’or. 

    Le 30 septembre, au moment de sa mort, il y a pile 107 ans, Léon Arthur Ricois avait 21 ans. C’est ainsi que s’achève l’histoire du seul « Mort pour la France » que j’ai réussi à trouver dans ma famille.



Sources :
- Historique du 156e R.I.
- Journaux des Marches et Opérations du 156e R.I.
- Archives Départementales des Yvelines, des Hauts-de-Seine

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